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.Quand ils ont sorti le chariot, l’un d’eux a déchiré sa robe sur une aspérité de la paroi.Panthère reprit espoir.— Lançons-nous à leur poursuite.— Inutile.— Je ne renoncerai pas.— Moi non plus.— Que préconises-tu ?— Rester ici et patienter ; ils reviendront.— Pourquoi cette certitude ?— Dans notre hâte d’explorer les lieux, nous avons oublié le cadavre.— Asher est bien mort.— Il devrait subsister des ossements à l’endroit où je l’ai abattu.— Le vent.— Non, ses amis l’ont emporté.Ils nous attendent, avec l’intention de se venger.— Sommes-nous tombés dans un traquenard ?— Des guetteurs ont observé notre arrivée.— Et si nous n’étions pas revenus ?— Peu probable ; pendant plusieurs années, ils seraient restés à leur poste, tant que la certitude de notre décès n’aurait pas été acquise.Aurais-tu pris d’autres dispositions si tu avais été l’alliée du général ? Nous identifier est essentiel ; nous supprimer, un plaisir.— Nous nous battrons.— À condition qu’ils nous laissent du temps pour préparer notre défense.Ils ont même pris mon arc.Me transpercer avec mes propres flèches les ravira.La poitrine nue, ses seins splendides et fermes offerts au soleil, Panthère harangua ses fidèles.Elle leur expliqua que des coureurs des sables avaient pillé le sanctuaire de la déesse d’or et dérobé ses biens ; l’affrontement s’annonçait inévitable, et elle confiait à Souti le soin de les conduire à la victoire.Personne ne protesta, pas même le vieux guerrier.À l’idée de faire boire par le sable le sang des bédouins, il se sentit rajeuni ; les Nubiens prouveraient leur valeur.Au corps à corps, personne ne les égalerait.Bien qu’il en fût persuadé, l’ex-lieutenant de charrerie Souti organisa un véritable camp retranché en utilisant des blocs derrière lesquels les archers nubiens seraient à l’abri.Dans la grotte, ils entreposèrent les outres remplies d’eau, la nourriture et les armes.À quelque distance de leur position, ils creusèrent des trous, répartis de manière inégale.Puis l’attente commença.Souti goûta ce temps interrompu, attentif aux chants secrets du désert, à ses mouvements invisibles et aux paroles du vent ; assis en scribe, faisant un avec la roche, il ressentait à peine la chaleur.Il redoutait moins le fracas des armes que le bruit et l’agitation de la ville ; ici, le moindre acte devait être en harmonie avec le silence, porteur des pas des nomades.Bien que Pazair l’eût abandonné, il aurait aimé l’avoir à ses côtés, partager ce moment où l’errance prenait fin.Sans mot dire, ils se seraient nourris du même feu, le regard perdu dans l’horizon ocre, dévoreur d’éphémère.Féline, Panthère l’enlaça par-derrière ; douce comme un parfum de printemps, elle caressa sa nuque.— Et si tu t’étais trompé ?— Aucun risque.— Avoir volé notre or suffit peut-être à ces pillards.— Nous avons interrompu un trafic ; récupérer la marchandise ne suffit pas : ils doivent nous identifier.En raison de la chaleur, selon la coutume que partageaient Nubiens et Égyptiens, hors des villes, ils vivaient nus.Panthère ne se lassait pas d’admirer le corps splendide de son amant, qui le lui rendait bien ; leur peau brunie ne redoutait pas le soleil, leur désir s’en vivifiait.Chaque jour, la déesse blonde changeait de bijoux ; l’or embellissait ses courbes et ses vallons, et la rendait inaccessible à d’autres qu’à Souti.— Si des Libyens sont alliés aux coureurs des sables, les combattras-tu ?— J’abattrai les voleurs.Leur baiser fut digne de l’immensité, leurs corps réunis roulèrent dans un sable tendre que faisait frissonner une brise du nord.*Le vieux guerrier signala à Souti que l’homme chargé de la corvée d’eau n’était pas revenu.— Quand est-il parti ?— Lorsque le soleil a bondi au-dessus de la grotte ; d’après sa position dans le ciel, il devrait être rentré depuis longtemps.— Le point d’eau était peut-être à sec.— Non, il nous aurait abreuvés plusieurs semaines.— Avais-tu confiance en lui ?— C’était mon cousin.— L’attaque d’un lion.— Les fauves boivent la nuit ; il savait parer leurs assauts.— Partons-nous à sa recherche ?— S’il n’est pas de retour avant le couchant, c’est qu’on l’aura tué.Les heures s’écoulèrent.Les Nubiens ne chantaient plus ; immobiles, ils regardaient dans la direction du point d’eau, vers l’endroit où leur camarade aurait dû apparaître.L’astre du jour déclina, entra dans la montagne d’Occident, et descendit dans la barque de la nuit, afin de parcourir les espaces souterrains où il affronterait l’énorme dragon qui tenterait d’absorber l’eau de l’univers et d’assécher le Nil.La piste demeura vide.— On l’a tué, affirma le vieux guerrier.Souti fit doubler la garde ; peut-être les agresseurs approchaient-ils de la grotte.S’il s’agissait des coureurs des sables, ils n’hésiteraient pas à violer les lois de la guerre et à lancer un assaut pendant la nuit.Assis face au désert, il se demanda, sans angoisse, s’il vivait ses dernières heures ; seraient-elles empreintes de la gravité paisible des roches oubliées, ou de la fureur d’un ultime affrontement ?Panthère se lova contre lui.— Te sens-tu prêt ?— Autant que toi.— N’essaie pas de mourir sans moi ; nous franchirons ensemble la porte de l’au-delà.Mais auparavant, nous serons riches et vivrons comme des rois ; si tu le veux vraiment, nous y parviendrons.Sois un chef, Souti, ne gaspille pas ton énergie.Comme il ne répondait pas, elle respecta son silence et se joignit à son sommeil.*L’air froid réveilla Souti ; le désert était gris, la lumière du matin engluée dans une brume épaisse.Panthère ouvrit les yeux.— Réchauffe-moi.Il la serra contre lui, mais s’écarta brusquement, les yeux rivés sur le lointain.— À vos postes, ordonna-t-il aux Nubiens.De la brume émergeaient des dizaines d’hommes armés et des chars.CHAPITRE 25Les cheveux longs, la barbe mal taillée, un tissu enroulé autour de la tête, de longues robes aux rayures colorées, les coureurs des sables se tenaient serrés les uns contre les autres.Certains, affamés, avaient les clavicules saillantes, les épaules creusées et les côtes apparentes ; sur leur dos voûté, des nattes roulées.Ensemble, ils brandirent leurs arcs et lancèrent une première volée de flèches qui n’atteignit aucun Nubien.Comme Souti avait donné l’ordre de ne pas riposter, les Bédouins s’enhardirent ; vociférant, ils s’approchèrent.Les archers nubiens se montrèrent à la hauteur de leur réputation ; pas un ne manqua sa cible.De plus, leur cadence de tir fut rapide et soutenue ; à un contre dix, ils rétablirent vite l’équilibre.Les survivants reculèrent, laissant la place à des chars légers, au plancher fait de lanières de cuir entrecroisées et recouvertes de peaux de hyènes ; sur les panneaux extérieurs, la figure agressive d’une divinité à cheval.Un homme tenait les rênes, un second brandissait un javelot.L’un et l’autre portaient une barbiche et avaient la peau cuivrée.— Des Libyens, observa Souti.— Impossible, objecta Panthère, ulcérée.— Des Libyens associés aux coureurs des sables ; souviens-toi de ta promesse.— Je leur parlerai, ils ne m’attaqueront pas.— Tu t’illusionnes.— Laisse-moi essayer.— Ne cours pas ce risque.Les chevaux piaffaient [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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.Quand ils ont sorti le chariot, l’un d’eux a déchiré sa robe sur une aspérité de la paroi.Panthère reprit espoir.— Lançons-nous à leur poursuite.— Inutile.— Je ne renoncerai pas.— Moi non plus.— Que préconises-tu ?— Rester ici et patienter ; ils reviendront.— Pourquoi cette certitude ?— Dans notre hâte d’explorer les lieux, nous avons oublié le cadavre.— Asher est bien mort.— Il devrait subsister des ossements à l’endroit où je l’ai abattu.— Le vent.— Non, ses amis l’ont emporté.Ils nous attendent, avec l’intention de se venger.— Sommes-nous tombés dans un traquenard ?— Des guetteurs ont observé notre arrivée.— Et si nous n’étions pas revenus ?— Peu probable ; pendant plusieurs années, ils seraient restés à leur poste, tant que la certitude de notre décès n’aurait pas été acquise.Aurais-tu pris d’autres dispositions si tu avais été l’alliée du général ? Nous identifier est essentiel ; nous supprimer, un plaisir.— Nous nous battrons.— À condition qu’ils nous laissent du temps pour préparer notre défense.Ils ont même pris mon arc.Me transpercer avec mes propres flèches les ravira.La poitrine nue, ses seins splendides et fermes offerts au soleil, Panthère harangua ses fidèles.Elle leur expliqua que des coureurs des sables avaient pillé le sanctuaire de la déesse d’or et dérobé ses biens ; l’affrontement s’annonçait inévitable, et elle confiait à Souti le soin de les conduire à la victoire.Personne ne protesta, pas même le vieux guerrier.À l’idée de faire boire par le sable le sang des bédouins, il se sentit rajeuni ; les Nubiens prouveraient leur valeur.Au corps à corps, personne ne les égalerait.Bien qu’il en fût persuadé, l’ex-lieutenant de charrerie Souti organisa un véritable camp retranché en utilisant des blocs derrière lesquels les archers nubiens seraient à l’abri.Dans la grotte, ils entreposèrent les outres remplies d’eau, la nourriture et les armes.À quelque distance de leur position, ils creusèrent des trous, répartis de manière inégale.Puis l’attente commença.Souti goûta ce temps interrompu, attentif aux chants secrets du désert, à ses mouvements invisibles et aux paroles du vent ; assis en scribe, faisant un avec la roche, il ressentait à peine la chaleur.Il redoutait moins le fracas des armes que le bruit et l’agitation de la ville ; ici, le moindre acte devait être en harmonie avec le silence, porteur des pas des nomades.Bien que Pazair l’eût abandonné, il aurait aimé l’avoir à ses côtés, partager ce moment où l’errance prenait fin.Sans mot dire, ils se seraient nourris du même feu, le regard perdu dans l’horizon ocre, dévoreur d’éphémère.Féline, Panthère l’enlaça par-derrière ; douce comme un parfum de printemps, elle caressa sa nuque.— Et si tu t’étais trompé ?— Aucun risque.— Avoir volé notre or suffit peut-être à ces pillards.— Nous avons interrompu un trafic ; récupérer la marchandise ne suffit pas : ils doivent nous identifier.En raison de la chaleur, selon la coutume que partageaient Nubiens et Égyptiens, hors des villes, ils vivaient nus.Panthère ne se lassait pas d’admirer le corps splendide de son amant, qui le lui rendait bien ; leur peau brunie ne redoutait pas le soleil, leur désir s’en vivifiait.Chaque jour, la déesse blonde changeait de bijoux ; l’or embellissait ses courbes et ses vallons, et la rendait inaccessible à d’autres qu’à Souti.— Si des Libyens sont alliés aux coureurs des sables, les combattras-tu ?— J’abattrai les voleurs.Leur baiser fut digne de l’immensité, leurs corps réunis roulèrent dans un sable tendre que faisait frissonner une brise du nord.*Le vieux guerrier signala à Souti que l’homme chargé de la corvée d’eau n’était pas revenu.— Quand est-il parti ?— Lorsque le soleil a bondi au-dessus de la grotte ; d’après sa position dans le ciel, il devrait être rentré depuis longtemps.— Le point d’eau était peut-être à sec.— Non, il nous aurait abreuvés plusieurs semaines.— Avais-tu confiance en lui ?— C’était mon cousin.— L’attaque d’un lion.— Les fauves boivent la nuit ; il savait parer leurs assauts.— Partons-nous à sa recherche ?— S’il n’est pas de retour avant le couchant, c’est qu’on l’aura tué.Les heures s’écoulèrent.Les Nubiens ne chantaient plus ; immobiles, ils regardaient dans la direction du point d’eau, vers l’endroit où leur camarade aurait dû apparaître.L’astre du jour déclina, entra dans la montagne d’Occident, et descendit dans la barque de la nuit, afin de parcourir les espaces souterrains où il affronterait l’énorme dragon qui tenterait d’absorber l’eau de l’univers et d’assécher le Nil.La piste demeura vide.— On l’a tué, affirma le vieux guerrier.Souti fit doubler la garde ; peut-être les agresseurs approchaient-ils de la grotte.S’il s’agissait des coureurs des sables, ils n’hésiteraient pas à violer les lois de la guerre et à lancer un assaut pendant la nuit.Assis face au désert, il se demanda, sans angoisse, s’il vivait ses dernières heures ; seraient-elles empreintes de la gravité paisible des roches oubliées, ou de la fureur d’un ultime affrontement ?Panthère se lova contre lui.— Te sens-tu prêt ?— Autant que toi.— N’essaie pas de mourir sans moi ; nous franchirons ensemble la porte de l’au-delà.Mais auparavant, nous serons riches et vivrons comme des rois ; si tu le veux vraiment, nous y parviendrons.Sois un chef, Souti, ne gaspille pas ton énergie.Comme il ne répondait pas, elle respecta son silence et se joignit à son sommeil.*L’air froid réveilla Souti ; le désert était gris, la lumière du matin engluée dans une brume épaisse.Panthère ouvrit les yeux.— Réchauffe-moi.Il la serra contre lui, mais s’écarta brusquement, les yeux rivés sur le lointain.— À vos postes, ordonna-t-il aux Nubiens.De la brume émergeaient des dizaines d’hommes armés et des chars.CHAPITRE 25Les cheveux longs, la barbe mal taillée, un tissu enroulé autour de la tête, de longues robes aux rayures colorées, les coureurs des sables se tenaient serrés les uns contre les autres.Certains, affamés, avaient les clavicules saillantes, les épaules creusées et les côtes apparentes ; sur leur dos voûté, des nattes roulées.Ensemble, ils brandirent leurs arcs et lancèrent une première volée de flèches qui n’atteignit aucun Nubien.Comme Souti avait donné l’ordre de ne pas riposter, les Bédouins s’enhardirent ; vociférant, ils s’approchèrent.Les archers nubiens se montrèrent à la hauteur de leur réputation ; pas un ne manqua sa cible.De plus, leur cadence de tir fut rapide et soutenue ; à un contre dix, ils rétablirent vite l’équilibre.Les survivants reculèrent, laissant la place à des chars légers, au plancher fait de lanières de cuir entrecroisées et recouvertes de peaux de hyènes ; sur les panneaux extérieurs, la figure agressive d’une divinité à cheval.Un homme tenait les rênes, un second brandissait un javelot.L’un et l’autre portaient une barbiche et avaient la peau cuivrée.— Des Libyens, observa Souti.— Impossible, objecta Panthère, ulcérée.— Des Libyens associés aux coureurs des sables ; souviens-toi de ta promesse.— Je leur parlerai, ils ne m’attaqueront pas.— Tu t’illusionnes.— Laisse-moi essayer.— Ne cours pas ce risque.Les chevaux piaffaient [ Pobierz całość w formacie PDF ]