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.Les premières émissions gauloises, douze ou treize siècles plus tôt (cela donne une idée de l’archaïsme insulaire) sont des imitations de monnaies grecques (le statère de Philippe de Macédoine) à partir desquelles il peut être très imprudent d’étudier le symbolisme religieux des images ou des légendes monétaires, ne serait-ce que parce que nous ignorons le rapport éventuel qui pourrait exister entre la religion, l’autorité monétaire (qui exerce là un pouvoir régalien) et l’image proprement dite.Le symbolisme ne se mesure pas au hasard d’interprétations personnelles.Cela n’a pas empêché les rois et les nobles d’aimer les bijoux d’or, les pierres précieuses ou les émaux, les armes richement ornées, les pommeaux d’ivoire finement travaillés, les broches délicates, les tissus bariolés et brodés d’or et d’argent.L’or surtout fait partie de toutes les sépultures royales.Les Celtes ont aimé au-delà de toute mesure le faste et la joie des festins qui duraient plusieurs jours ou plusieurs semaines.Mais quand un roi d’Irlande, prodigue de ses trésors, reçoit l’un de ses pairs, on étend des roseaux frais sur le sol et, pour boire du vin, de la bière ou de l’hydromel dans des coupes ou dans des cornes d’or rehaussées de gemmes, on s’assied parfois sur des bottes de paille.Aucun chef celte n’a eu les moyens matériels ou militaires, ni surtout l’ambition de fonder un grand État.Les grands souverains modèles, Ambigatus en Gaule, Conn Cetchathach en Irlande, sont mythiques et non historiques.3.LE RÔLE DE LA FEMME DANS LA SOCIÉTÉ.On a écrit assez d’incongruités sur ce sujet pour qu’il s’avère indispensable de mettre les choses au point : traiter de la femme dans la société celtique, c’est en effet aborder un faux problème parce que la femme, en tant qu’être humain physiologiquement différent de l’homme, ne pose précisément aucun problème, ni politique ni social ni juridique, dans aucune société indo-européenne, le gouvernement des choses domestiques n’étant évidemment pas en question.Rappelons que la monogamie est, pour tous les Indo-Européens, une règle juridique ne souffrant aucune exception (cf.la fille épiclère en Grèce !).Le concubinage est une simple tolérance qui ne met jamais en cause le patrimoine, et les neuf ou dix degrés de mariage que connaissent et que réglementent les lois irlandaise et indienne sont, non pas une affaire de sentiments entre deux personnes, mais un contrat qui engage et lie deux familles.L’Irlande préchrétienne n’a d’ailleurs d’autre mot que caratrad « amitié » pour désigner à la fois le « contrat » et le « mariage ».Le mot irlandais actuel, pósadh, est un emprunt chrétien au latin sponsus et celui qui, dans les récits, désigne l’amour en tant que sentiment ou attirance que deux êtres ressentent l’un pour l’autre, est un nom de maladie : serg « langueur » ou « neurasthénie ».Nous n’avons pas l’équivalent irlandais de la confarreatio romaine, le mariage du flamen qui multiplie les précautions et les exigences quant à la pureté de la jeune fille, ou du mariage du brahmane (quand bien même il serait le dixième, lui seul est l’époux !) qui, comme le druide, purifie tout ce qu’il touche.Mais la dignité reconnue à la femme éclate dans le mariage royal des souverains mythiques du Connaught, Ailill et Medb.La seule querelle que l’on connaisse entre les deux époux est, au début de la Tain Bó Cúalnge ou « Razzia des Vaches de Cooley », la « dispute sur l’oreiller », lorsqu’il s’agit de savoir lequel des deux est le plus digne et le plus riche.C’est la reine naturellement, et cela se termine très mal pour toute l’Irlande par la faute d’un taureau qui ne se plaisait pas, par orgueil de mâle, sur bien de femme et était allé rejoindre les taureaux du roi.Loin d’être confinée dans le gynécée ou tenue en servitude comme dans certaines sociétés polygames, la femme irlandaise, bretonne ou gauloise, possède un statut bien défini, lequel est strictement le même que celui de l’homme : elle peut tester, hériter, jouir de ses biens, exercer une profession, avoir sa propre domesticité.Elle a même accès au sacerdoce pour y exercer l’art de la prophétie.En contrepartie ou en conséquence de ces libertés, en Irlande, jusqu’au VIIe siècle, la femme propriétaire de biens fonciers est astreinte au service militaire.La polyandrie notée par César à propos des femmes bretonnes a toutes les chances d’être un fait mythique passé mal à propos dans l’histoire (cf.les aventures de l’Indienne Draupadi et des cinq Pandavas dans le Mahabharata) à moins qu’il ne s’agisse d’une donnée sociologique incomprise.Les thèmes mythiques les plus féconds de l’Irlande préchrétienne – ce n’est pas un hasard ou un choix de transcripteur – sont ceux qui, en quelque sorte, exaltent la féminité :– l’allégorie ou la personnification de l’Irlande sous les traits d’une jeune femme à la parfaite beauté physique, qui est aussi l’image et la représentation de la Souveraineté, celle que le roi prend, mais qui le choisit et qui, comme la reine Medb (« ivresse [du pouvoir] »), n’est jamais sans un homme dans l’ombre d’un autre.– la belle messagère de l’Autre Monde qui vient chercher un heureux mortel qu’elle emmène dans une barque de cristal et à qui elle donne, avec son amour, la félicité éternelle.Il ne manque pas non plus, chez les auteurs grecs et latins, de récits ou d’anecdotes décrivant ou montrant en exemple la fidélité, le dévouement, l’intelligence en même temps que la beauté des femmes gauloises.César lui-même, qui n’était pas un tendre, a fait état, sans mépris, du dévouement religieux des femmes d’Avaricum et de Bratuspantium qui, la poitrine nue et suppliantes, ont essayé de faire en sorte que leur cité soit épargnée par la soldatesque romaine.Vérités historiques ou mythes historicisés, peu importe : ce sont les Celtes qui ont légué à l’Europe médiévale, par le biais de la légende arthurienne (Tristan et Yseult), le thème – qu’on a pu imiter mais non pas dépasser – de l’amour absolu et du destin librement choisi et assumé.Mais l’absolu des sentiments humains n’atteint sa perfection que dans la mort et c’est le prix que paient les amants.C’est encore le récit des amours tumultueuses de Deirdre et de Noisé : plutôt que de devenir la concubine du roi d’Ulster, Deirdre se choisit un époux, qu’elle contraint à l’enlever et, son mari ayant été tué par traîtrise, elle préfère se fracasser la tête contre un rocher et ne pas lui survivre.La Gaule a connu des légendes ou des histoires comparables de fidélité conjugale exemplaire, celle d’Éponine par exemple.La « femme-truie », la « déesse-jument », toutes les laideurs ou les dépravations issues de la poubelle du subconscient et dignes des monstres de Jérôme Bosch, tout cela est absent de nos sources celtiques dans lesquelles toute laideur physique ou morale est une calamité que l’on fuit.La légende irlandaise contient parfois quelques détails d’une verdeur toute médiévale et d’une franchise très naturelle, mais l’honneur est toujours sauf.La meretrix exerce en Irlande un métier reconnu par la loi mais il n’y a pas d’erotica celtiques insulaires et il ne semble pas y en avoir eu en Gaule avant l’époque romaine.Les amours hors mariage de Vercingétorix et d’une jeune et belle druidesse sont le thème obsessionnel de quelques fictions mal romancées.II.LA FIN DU MONDE CELTIQUE.Le sort des Celtes continentaux a été scellé à Alesia.Mais nos éléments d’appréciation sur la portée et les conséquences de cet événement sont des plus variables [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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