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.Prise d’un vertige, Néfertari s’allongea et ferma les yeux.Ramsès ne quitterait pas son chevet, luttant avec elle pendant l’interminable nuit au cours de laquelle la pierre de la déesse tenterait de repousser le démon qui buvait le sang de la reine.46Échevelé, très pâle, la parole embarrassée, Améni s’embrouillait dans ses explications.— Calme-toi, recommanda la reine mère Touya.— La guerre, Majesté, c’est la guerre !— Nous n’avons reçu aucun document officiel.— Les généraux s’affolent, les casernes sont en ébullition, des ordres contradictoires fusent en tous sens.— Quelle est la cause de ce désordre ?— Je l’ignore, Majesté, mais je suis incapable de maîtriser la situation… Les militaires ne m’écoutent plus !Touya convoqua le ritualiste en chef et deux coiffeuses du palais.Pour souligner le caractère sacré de sa fonction, ils ornèrent son visage d’une perruque ressemblant à la dépouille d’un vautour dont les ailes descendaient en biais du milieu du front vers les épaules.Le vautour femelle étant le symbole de la mère attentive par excellence, Touya apparaissait ainsi comme la protectrice des Deux Terres.A ses poignets et à ses chevilles, des bracelets d’or ; à son cou, un collier de pierres semi-précieuses à sept rangs.Dans sa longue robe de lin plissée, serrée à la taille par une ceinture à larges pans, elle incarnait l’autorité suprême.— Accompagne-moi à la caserne du Nord, demanda-t-elle à Améni.— N’y allez pas, Majesté ! Attendez que cette agitation se calme.— Le mal et le chaos ne se détruisent jamais d’eux-mêmes.Dépêchons-nous.Pi-Ramsès n’était plus que bruit et discussions.Certains affirmaient que les Hittites approchaient du Delta, d’autres décrivaient déjà les combats, d’autres encore se préparaient à fuir vers le Sud.La porte de la caserne du Nord n’était plus gardée.Le char transportant Améni et la reine mère pénétra dans la grande cour où toute discipline avait disparu.Les chevaux s’immobilisèrent au centre du vaste espace.Un officier de la charrerie aperçut la reine mère, prévint des collègues, lesquels alertèrent d’autres soldats.En moins de dix minutes, des centaines d’hommes se rassemblèrent afin d’écouter les paroles de Touya.Touya, petite et frêle, au milieu de colosses armés, capables de la piétiner en quelques secondes… Améni tremblait, jugeant suicidaire l’intervention de la reine mère.Elle aurait dû rester au palais, sous la protection de la garde d’élite.Peut-être des paroles rassurantes apaiseraient-elles un peu la tension, à condition que Touya se montrât diplomate.Le silence se fit.La reine mère regarda avec dédain autour d’elle.— Je ne vois que des lâches et des incapables, déclara-t-elle d’une voix sèche qui résonna aux oreilles d’Améni comme un coup de tonnerre.Des lâches et des imbéciles, inaptes à défendre leur pays puisqu’ils prêtent foi à la première rumeur venue.Améni ferma les yeux.Ni Touya ni lui-même n’échapperaient à la fureur des soldats.— Pourquoi nous insultez-vous, Majesté ? interrogea un lieutenant de charrerie.— Décrire la réalité, est-ce insulter ? Votre comportement est ridicule et méprisable, les officiers sont plus à blâmer que les hommes de troupe.Qui décidera de notre engagement dans la guerre contre les Hittites, sinon Pharaon et, en son absence, moi-même ?Le silence s’épaissit.Ce qu’allait dire la reine mère ne serait pas une rumeur et révélerait le destin de la nation entière.— Je n’ai reçu aucune déclaration de guerre de l’empereur du Hatti, affirma-t-elle.Des hourras saluèrent ces paroles ; Touya n’avait jamais menti.Les soldats se congratulèrent.La reine mère demeurant immobile sur son char, l’assistance comprit que son discours n’était pas terminé.Le silence revint.— Il m’est impossible de prétendre que la paix sera durable, et je suis même persuadée que les Hittites n’ont d’autre but qu’un impitoyable conflit.Son issue dépendra de vos efforts.Quand Ramsès sera de nouveau dans sa capitale, et son retour est proche, je veux qu’il soit fier de son armée et confiant dans ses possibilités de vaincre l’ennemi.La reine mère fut acclamée.Améni rouvrit les yeux, lui aussi subjugué par la force de persuasion que déployait la veuve de Séthi.Le char s’ébranla, les soldats s’écartèrent, scandant le nom de Touya.— Rentrons-nous au palais, Majesté ?— Non, Améni [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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.Prise d’un vertige, Néfertari s’allongea et ferma les yeux.Ramsès ne quitterait pas son chevet, luttant avec elle pendant l’interminable nuit au cours de laquelle la pierre de la déesse tenterait de repousser le démon qui buvait le sang de la reine.46Échevelé, très pâle, la parole embarrassée, Améni s’embrouillait dans ses explications.— Calme-toi, recommanda la reine mère Touya.— La guerre, Majesté, c’est la guerre !— Nous n’avons reçu aucun document officiel.— Les généraux s’affolent, les casernes sont en ébullition, des ordres contradictoires fusent en tous sens.— Quelle est la cause de ce désordre ?— Je l’ignore, Majesté, mais je suis incapable de maîtriser la situation… Les militaires ne m’écoutent plus !Touya convoqua le ritualiste en chef et deux coiffeuses du palais.Pour souligner le caractère sacré de sa fonction, ils ornèrent son visage d’une perruque ressemblant à la dépouille d’un vautour dont les ailes descendaient en biais du milieu du front vers les épaules.Le vautour femelle étant le symbole de la mère attentive par excellence, Touya apparaissait ainsi comme la protectrice des Deux Terres.A ses poignets et à ses chevilles, des bracelets d’or ; à son cou, un collier de pierres semi-précieuses à sept rangs.Dans sa longue robe de lin plissée, serrée à la taille par une ceinture à larges pans, elle incarnait l’autorité suprême.— Accompagne-moi à la caserne du Nord, demanda-t-elle à Améni.— N’y allez pas, Majesté ! Attendez que cette agitation se calme.— Le mal et le chaos ne se détruisent jamais d’eux-mêmes.Dépêchons-nous.Pi-Ramsès n’était plus que bruit et discussions.Certains affirmaient que les Hittites approchaient du Delta, d’autres décrivaient déjà les combats, d’autres encore se préparaient à fuir vers le Sud.La porte de la caserne du Nord n’était plus gardée.Le char transportant Améni et la reine mère pénétra dans la grande cour où toute discipline avait disparu.Les chevaux s’immobilisèrent au centre du vaste espace.Un officier de la charrerie aperçut la reine mère, prévint des collègues, lesquels alertèrent d’autres soldats.En moins de dix minutes, des centaines d’hommes se rassemblèrent afin d’écouter les paroles de Touya.Touya, petite et frêle, au milieu de colosses armés, capables de la piétiner en quelques secondes… Améni tremblait, jugeant suicidaire l’intervention de la reine mère.Elle aurait dû rester au palais, sous la protection de la garde d’élite.Peut-être des paroles rassurantes apaiseraient-elles un peu la tension, à condition que Touya se montrât diplomate.Le silence se fit.La reine mère regarda avec dédain autour d’elle.— Je ne vois que des lâches et des incapables, déclara-t-elle d’une voix sèche qui résonna aux oreilles d’Améni comme un coup de tonnerre.Des lâches et des imbéciles, inaptes à défendre leur pays puisqu’ils prêtent foi à la première rumeur venue.Améni ferma les yeux.Ni Touya ni lui-même n’échapperaient à la fureur des soldats.— Pourquoi nous insultez-vous, Majesté ? interrogea un lieutenant de charrerie.— Décrire la réalité, est-ce insulter ? Votre comportement est ridicule et méprisable, les officiers sont plus à blâmer que les hommes de troupe.Qui décidera de notre engagement dans la guerre contre les Hittites, sinon Pharaon et, en son absence, moi-même ?Le silence s’épaissit.Ce qu’allait dire la reine mère ne serait pas une rumeur et révélerait le destin de la nation entière.— Je n’ai reçu aucune déclaration de guerre de l’empereur du Hatti, affirma-t-elle.Des hourras saluèrent ces paroles ; Touya n’avait jamais menti.Les soldats se congratulèrent.La reine mère demeurant immobile sur son char, l’assistance comprit que son discours n’était pas terminé.Le silence revint.— Il m’est impossible de prétendre que la paix sera durable, et je suis même persuadée que les Hittites n’ont d’autre but qu’un impitoyable conflit.Son issue dépendra de vos efforts.Quand Ramsès sera de nouveau dans sa capitale, et son retour est proche, je veux qu’il soit fier de son armée et confiant dans ses possibilités de vaincre l’ennemi.La reine mère fut acclamée.Améni rouvrit les yeux, lui aussi subjugué par la force de persuasion que déployait la veuve de Séthi.Le char s’ébranla, les soldats s’écartèrent, scandant le nom de Touya.— Rentrons-nous au palais, Majesté ?— Non, Améni [ Pobierz całość w formacie PDF ]