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. Vous reste-t-il encore de quoi amorcer vos lignes ? ai-jedemandé. Oui, répond le bosseman à voix basse.Et il me quitte sansajouter une parole.Cependant, cette maigre nourriture nous arendu quelques forces, et avec elles un peu d espoir.Nous parlonsde la pêche du bosseman, et il nous semble impossible qu il neréussisse pas une seconde fois.Le sort se lasserait-il enfin de nouséprouver ?Preuve incontestable qu une détente s est produite dans nosesprits, c est que nous revenons à parler du passé.Notre penséen est plus fixée uniquement sur ce présent douloureux et surl avenir épouvantable qui nous menace.MM.Letourneur,Falsten, le capitaine et moi, nous rappelons les faits qui se sontaccomplis depuis le naufrage.Nous revoyons nos compagnonsdisparus, les détails de l incendie, l échouement du navire, le récifde Ham-Rock, la voie d eau, cette effrayante navigation dans leshunes, le radeau, la tempête, tous ces incidents qui semblentmaintenant si éloignés.Oui ! Tout cela s est passé, et nous vivonsencore !Nous vivons ! Est-ce que cela peut s appeler vivre ! De vingt-huit, nous ne sommes plus que quatorze, et bientôt nous neserons que treize, peut-être ! Un mauvais nombre ! dit le jeune Letourneur, mais nousaurons de la peine à trouver un quatorzième !Pendant la nuit du 8 au 9, le bosseman a jeté de nouveau seslignes, à l arrière du radeau, et il est resté lui-même à lessurveiller, sans vouloir confier ce soin à personne. 171  Le matin, je vais près de lui.Le jour se lève à peine, et de sesyeux ardents il cherche à percer l obscurité des eaux.Il ne m a pasvu, il ne m a même pas entendu venir.Je lui touche légèrement l épaule.Il se retourne vers moi. Eh bien, bosseman ? Eh bien, ces maudits requins ont dévoré mes amorces !répond-il d une voix sourde. Il ne vous en reste plus ? Non ! Et savez-vous ce que cela prouve, monsieur ? ajoute-t-il en m étreignant le bras.Cela prouve qu il ne faut pas faire leschoses à demi&Je lui mets la main sur la bouche ! J ai compris !& PauvreWalter ! 172  XLII Du 9 au 10 janvier. Aujourd hui, nous sommes repris parle calme.Le soleil est ardent, la brise tombe complètement, et pasune ride ne flétrit les longues ondulations de la mer, qui sesoulève insensiblement.S il n existe pas quelque courant, dont ilnous est impossible de constater la direction, le radeau doit êtreabsolument stationnaire.J ai dit que la chaleur est intolérable aujourd hui.Notre soif,par suite, est plus intolérable encore.L insuffisance d eau nousfait souffrir cruellement pour la première fois.Je prévois qu ellecausera des tortures plus insupportables que celles de la faim.Déjà, chez la plupart de nous, la bouche, la gorge, le pharynx sontcontractés par la sécheresse, les muqueuses se racornissent souscet air chaud que l aspiration leur apporte.Sur mes instances, le capitaine a modifié, pour cette fois, lerégime habituel.Il accorde une double ration d eau, et nous avonspu nous désaltérer, tant bien que mal, quatre fois dans la journée.Je dis « tant bien que mal », car cette eau, conservée dans le fondde la barrique, bien qu on l ait couverte d une toile, estvéritablement tiède.En somme, la journée est mauvaise.Les matelots, sousl influence de la faim, s abandonnent de nouveau au désespoir.La brise ne s est point levée avec la lune, qui est presquepleine.Cependant, comme les nuits des tropiques sont fraîches,nous éprouvons quelque soulagement ; mais, pendant le jour, latempérature est insoutenable.Il faut bien admettre, en présenced une élévation si constante, que le radeau a été entraînéconsidérablement vers le sud. 173  Quant à la terre, on ne cherche même pas à en avoirconnaissance.Il semble que le globe terrestre ne soit plus qu unesphère liquide.Toujours et partout cet Océan infini !Le 10, même calme, même température.C est une pluie defeu que nous verse le ciel, c est de l air embrasé que nousrespirons [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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