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.](*) Tous les passages en crochets des notes des pp.225 et 226 sont des additions de Kant lui-même à sa2e édition.Emmanuel Kant La Religion dans les limites de la Raison (1794) 142l'achèvement, qui lui permet d'espérer le succès final, la réalisation de toutes nos fins bonnes,ce qui est pour elle un couronnement.§ 4.- Du fil conducteur de la conscience dans le domaine de la foi.La question qu'on se pose ici n'est pas de savoir de quelle manière on doit guider laconscience (car elle ne veut pas de guide; il nous suffit de l'avoir, elle), mais plutôt de quellemanière cette conscience elle-même peut servir de fil conducteur dans les décisions moralesdélicates.La conscience (das Gewissen) est une connaissance (Bewusstsein) qui, par elle-même, estun devoir.Or, comment peut-on concevoir cela, étant donné que la connaissance(Bewusstsein) de toutes nos représentations paraît seulement être nécessaire quand on seplace au point de vue logique, et par suite toujours conditionnellement, quand on veut rendreclaire sa représentation, et que, par conséquent, elle ne saurait être un devoir inconditionné?Il y a en morale un principe fondamental qui n'a pas besoin d'être démontré : c'est qu'on nedoit rien se permettre, si l'on n'est pas sûr que c'est bien (quod dubitas, ne feceris ! Pline).Avant d'entreprendre une action, connaître qu'elle est juste est, par suite, pour moi un devoirabsolu.Juger d'une action quelconque qu'elle est bonne ou qu'elle est mauvaise, c'est affaire àl'entendement, non à la conscience.Il n'est pas d'ailleurs absolument nécessaire qu'on sache,de toutes les actions possibles, si elles sont bonnes ou mauvaises.Mais pour entreprendre uneaction, je dois non seulement la juger et la croire bonne, mais encore être sûr qu'elle n'estpoint mauvaise; et cette exigence est un postulat de la conscience morale avec lequel setrouve en opposition le probabilisme, c'est-à-dire le principe qui permet d'accomplir un actedès qu'on croit seulement qu'il peut être permis (könne wohl recht sein).- On pourrait encoredéfinir la conscience : la faculté morale de juger se jugeant elle-même; mais cette définitionaurait bien besoin d'être précédée d'une explication des concepts dont elle se sert.Ce n'est pasdes actions, à titre de cas tombant sous la loi, que la conscience doit juger; cela, c'est l'affairede la raison, en tant qu'elle est subjective et pratique (s'occupant, à ce titre, des cas deconscience et forgeant la casuistique, sorte de dialectique de la conscience morale); ici, aucontraire, c'est la raison qui doit se juger elle-même et décider si réellement elle a apporté àl'appréciation des actes toute la circonspection nécessaire (pour voir s'ils sont bons oumauvais), et qui cite l'homme à la barre pour s'aider de son témoignage, favorable oudéfavorable, à se prononcer sur ce point.Prenons, par exemple, un inquisiteur tellement convaincu de la vérité de sa foi, seulecroyance positive vraie, qu'il se ferait martyriser pour elle, et supposons qu'il ait à seprononcer sur un hérétique (d'ailleurs bon citoyen) accusé d'incrédulité; eh bien, je vous ledemande, s'il se décide pour une condamnation à mort, peut-on dire qu'il a jugé selon saconscience (erronée, c'est certain) et ne peut-on pas, au contraire, lui reprocher d'avoirabsolument agi sans conscience, soit qu'il se soit trompé, soit qu'il ait fait mal sciemment,Emmanuel Kant La Religion dans les limites de la Raison (1794) 143attendu que l'on peut lui jeter à la face qu'en pareil cas jamais il ne pouvait être entièrementsûr de ne pas risquer peut-être quelque injustice en prononçant la peine capitale.Il croyaitfermement, sans doute, tout nous porte à le présumer, qu'une volonté divine connue demanière surnaturelle, grâce à une révélation (analogue peut-être au compellite intrare), luipermettait ou même lui faisait un devoir (wo nicht gar zur Pflicht macht) d'extirper à la foisl'incrédulité prétendue et le mécréant.Mais avait-il donc effectivement de la doctrine révéléeet du sens qu'il faut lui donner une certitude aussi absolue qu'il le faut pour immoler d'aprèselle un homme ? Qu'il lui est interdit d'enlever la vie à un homme pour des raisons decroyance religieuse, voilà une chose certaine, à moins que toutefois (faisons les plus grandesconcessions) une volonté divine, extraordinairement parvenue à sa connaissance, en aitordonné autrement.Mais cette volonté terrible, Dieu l'a-t-il jamais exprimée ? c'est un faitqui repose sur des documents historiques et n'est jamais apodictiquement certain.Sommetoute, c'est par les hommes que lui est venue la révélation, et ce sont eux qui t'ont interprétée;et quand même il lui semblerait qu'elle lui arrive de Dieu lui-même (tel l'ordre qu'Abrahamreçut d'immoler son fils comme une brebis), il serait tout au moins possible qu'il y eût erreurlà-dessus.Il s'exposerait, en ce cas, à accomplir un acte souverainement illicite (unrecht), etpar là-même il agirait sans conscience.On doit conserver la même attitude vis-à-vis de toutecroyance historique et phénoménale; il est toujours possible qu'une erreur s'y rencontre, etc'est, par conséquent, agir sans conscience, étant donné que ce qu'elle prescrit ou permet peutêtre coupable (unrecht), que de donner suite à cette croyance au risque de violer un devoirhumain certain par lui-même [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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.](*) Tous les passages en crochets des notes des pp.225 et 226 sont des additions de Kant lui-même à sa2e édition.Emmanuel Kant La Religion dans les limites de la Raison (1794) 142l'achèvement, qui lui permet d'espérer le succès final, la réalisation de toutes nos fins bonnes,ce qui est pour elle un couronnement.§ 4.- Du fil conducteur de la conscience dans le domaine de la foi.La question qu'on se pose ici n'est pas de savoir de quelle manière on doit guider laconscience (car elle ne veut pas de guide; il nous suffit de l'avoir, elle), mais plutôt de quellemanière cette conscience elle-même peut servir de fil conducteur dans les décisions moralesdélicates.La conscience (das Gewissen) est une connaissance (Bewusstsein) qui, par elle-même, estun devoir.Or, comment peut-on concevoir cela, étant donné que la connaissance(Bewusstsein) de toutes nos représentations paraît seulement être nécessaire quand on seplace au point de vue logique, et par suite toujours conditionnellement, quand on veut rendreclaire sa représentation, et que, par conséquent, elle ne saurait être un devoir inconditionné?Il y a en morale un principe fondamental qui n'a pas besoin d'être démontré : c'est qu'on nedoit rien se permettre, si l'on n'est pas sûr que c'est bien (quod dubitas, ne feceris ! Pline).Avant d'entreprendre une action, connaître qu'elle est juste est, par suite, pour moi un devoirabsolu.Juger d'une action quelconque qu'elle est bonne ou qu'elle est mauvaise, c'est affaire àl'entendement, non à la conscience.Il n'est pas d'ailleurs absolument nécessaire qu'on sache,de toutes les actions possibles, si elles sont bonnes ou mauvaises.Mais pour entreprendre uneaction, je dois non seulement la juger et la croire bonne, mais encore être sûr qu'elle n'estpoint mauvaise; et cette exigence est un postulat de la conscience morale avec lequel setrouve en opposition le probabilisme, c'est-à-dire le principe qui permet d'accomplir un actedès qu'on croit seulement qu'il peut être permis (könne wohl recht sein).- On pourrait encoredéfinir la conscience : la faculté morale de juger se jugeant elle-même; mais cette définitionaurait bien besoin d'être précédée d'une explication des concepts dont elle se sert.Ce n'est pasdes actions, à titre de cas tombant sous la loi, que la conscience doit juger; cela, c'est l'affairede la raison, en tant qu'elle est subjective et pratique (s'occupant, à ce titre, des cas deconscience et forgeant la casuistique, sorte de dialectique de la conscience morale); ici, aucontraire, c'est la raison qui doit se juger elle-même et décider si réellement elle a apporté àl'appréciation des actes toute la circonspection nécessaire (pour voir s'ils sont bons oumauvais), et qui cite l'homme à la barre pour s'aider de son témoignage, favorable oudéfavorable, à se prononcer sur ce point.Prenons, par exemple, un inquisiteur tellement convaincu de la vérité de sa foi, seulecroyance positive vraie, qu'il se ferait martyriser pour elle, et supposons qu'il ait à seprononcer sur un hérétique (d'ailleurs bon citoyen) accusé d'incrédulité; eh bien, je vous ledemande, s'il se décide pour une condamnation à mort, peut-on dire qu'il a jugé selon saconscience (erronée, c'est certain) et ne peut-on pas, au contraire, lui reprocher d'avoirabsolument agi sans conscience, soit qu'il se soit trompé, soit qu'il ait fait mal sciemment,Emmanuel Kant La Religion dans les limites de la Raison (1794) 143attendu que l'on peut lui jeter à la face qu'en pareil cas jamais il ne pouvait être entièrementsûr de ne pas risquer peut-être quelque injustice en prononçant la peine capitale.Il croyaitfermement, sans doute, tout nous porte à le présumer, qu'une volonté divine connue demanière surnaturelle, grâce à une révélation (analogue peut-être au compellite intrare), luipermettait ou même lui faisait un devoir (wo nicht gar zur Pflicht macht) d'extirper à la foisl'incrédulité prétendue et le mécréant.Mais avait-il donc effectivement de la doctrine révéléeet du sens qu'il faut lui donner une certitude aussi absolue qu'il le faut pour immoler d'aprèselle un homme ? Qu'il lui est interdit d'enlever la vie à un homme pour des raisons decroyance religieuse, voilà une chose certaine, à moins que toutefois (faisons les plus grandesconcessions) une volonté divine, extraordinairement parvenue à sa connaissance, en aitordonné autrement.Mais cette volonté terrible, Dieu l'a-t-il jamais exprimée ? c'est un faitqui repose sur des documents historiques et n'est jamais apodictiquement certain.Sommetoute, c'est par les hommes que lui est venue la révélation, et ce sont eux qui t'ont interprétée;et quand même il lui semblerait qu'elle lui arrive de Dieu lui-même (tel l'ordre qu'Abrahamreçut d'immoler son fils comme une brebis), il serait tout au moins possible qu'il y eût erreurlà-dessus.Il s'exposerait, en ce cas, à accomplir un acte souverainement illicite (unrecht), etpar là-même il agirait sans conscience.On doit conserver la même attitude vis-à-vis de toutecroyance historique et phénoménale; il est toujours possible qu'une erreur s'y rencontre, etc'est, par conséquent, agir sans conscience, étant donné que ce qu'elle prescrit ou permet peutêtre coupable (unrecht), que de donner suite à cette croyance au risque de violer un devoirhumain certain par lui-même [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]